Cher GOVO,
Y'a Maman qui dit que tu raconteras "CyberAvia 2000" sur le Web, et que comme je la saoule avec ce truc (pourtant je ne le lui ai pas trop raconté "CyberAvia 2000", à peine six fois, c'est sûr, enfin je ne crois pas, ou alors dix fois mais pas plus), alors elle me dit de te le raconter à toi, parce que ça lui fera des vacances et que si des fois t'oubliais des trucs ça t'aiderait. Ca arrive d'oublier, surtout à leur age, qu'il a rajouté Papa.
D'abord y'avait un terrain : Villefranche-Tarare il s'appelle, c'est un drôle de terrain d'aviation, parce que déjà pour y aller tu prends une route, pas une autoroute avec des entrées et des sorties partout, tellement qu'on ne s'y retrouve plus et que Papa il se perd et c'est pas la bonne sortie et il arrive à une barrière marquée "Accès réservé" et le monsieur qui est là dans la cabane en verre il ne veut pas le laisser passer et ça fait des histoires.
Non, à Villefranche c'est une route, dans la verdure avec des tournants et c'est la vraie campagne avec presque pas de maisons et tout d'un coup tu regardes à gauche et tu vois la piste, et c'est une vraie piste, en goudron, mais courte et qui descend.
Et puis quand t'es arrivé, ça ressemble pas à une aérogare : c'est plutôt comme un bar-restaurant, avec une terrasse et des parasols, la seule différence c'est que le parking au pied de la terrasse, ben c'est des avions qui s'y garent.
A droite, le parking continue et il y a tout de suite les hangars où l'on range les avions la nuit, et les pompes à carburant, en face, et puis dans le fond, tu ne me croiras jamais, ben il y a deux gros hélicos russes, tout blancs, mais ils n'ont plus de pales et plus rien dedans, tout a été volé comme l'autoradio de notre voisin qui depuis fait coucher son chien dans sa voiture mais du coup il roule plus avec parce que ça sent trop mauvais dedans mais c'est bien fait parce qu'il est pas sympa (le voisin... et le chien non plus d'ailleurs). Tout autour c'est des collines, des champs, des bois, et le long de la piste en goudron, devine quoi ? Une autre piste, en herbe ! Incroyable, non ? Comme ça, si tu veux te poser tu as le choix, et même y'en avait un à CyberAvia qui disait que la piste en herbe c'était pour poser les tondeuses mais je crois que c'était une blague.
Après y'avait les avions : c'est pas croyable le tas d'avions qui sont arrivés et qu'ils ont casé dans le parking. Plein de petits, parcequ'il y'en a plein qui sont venus, même un qui venait de Belgique et c'est loin mais eux ils ont dit qu'ils n'avaient pas mis longtemps (je ne sais pas si ça se peut ?) et de toutes façons tous les gens des avions ont dit qu'ils étaient venus très vite, y'a que Jean-François qui a dit qu'il avait mis beaucoup de temps mais peut-être qu'il s'est trompé de chemin (ça c'est ce que lui disaient les autres).
Et il y avait aussi un gros avion, celui qui a amené le plus de parisiens à la fois, et il avait deux moteurs, des turbines (c'était le seul avion qui avait deux pilotes, peut-être qu'il en faut un par turbine ?) et il était super gros, de dehors. En fait c'était le contraire de l'arbre aux fées dans le livre de contes que ma Mamy elle m'avait acheté il y a longtemps : l'arbre aux fées il est normalement gros, comme un arbre, mais quand tu entres par la porte cachée dans l'écorce, à l'intérieur c'est une pièce immense. L'avion, lui il était gros dehors et petit dedans. Remarque, c'est plus facile dans ce sens là ! Mais on se demandait comment ils avaient fait tenir autant de parisiens là-dedans, surtout qu'en plus ils avaient plein de trucs, même du champagne (enfin, on ne l'a pas vu, le champagne...).
L'après-midi, on a fait des baptêmes. Parce que à Villefranche, y'a pas que des petits avions, il y a des planeurs et des hélicoptères et le baptême c'est quand on vole dedans pour la première fois.
Les hélicoptères, ils sont marrants parce qu'ils sont tout petits et tout mignons, même que le monsieur pour les sortir du hangar et aller faire le plein à la pompe, il leur met deux roulettes sur les patins, et il les pousse, comme une brouette ou presque ! Attention, c'est pas les hélicoptères russes avec rien dedans, c'est des vrais et qui volent et même y'en a un à quatre places, on l'appelle Robin 44 je crois, c'est celui là qui a servi aux baptèmes. C'est marrant l'hélico, c'est comme un ascenseur pour monter mais qui pourrait aller où on veut et on se promène et on monte le long des collines, chouettes, avec des forêts, des champs, des maisons et on est en haut, on passe la crète et tout d'un coup ça fait comme un grand vide qui se creuse en dessous, et puis quand on tourne on est très penché mais on tient quand même sur le siège, sans glisser, penchés au dessus du vide. Vraiment super ! Bon, y'en a qui sont sortis un peu verts, mais c'était juste la faute du repas de midi, ils disaient.
Les planeurs, c'est pas pareil, parce qu'ils n'ont pas de moteur, enfin sauf un qui est un moto planeur et c'est pratique parce qu'il peut décoller tout seul mais il plane un peu moins bien. Sinon, les autres, on les accroche derrière un avion à moteur avec un câble et l'autre il démarre et il tire et ce qui est marrant c'est qu'il y a un type qui doit tenir l'aile du planeur d'un côté pour pas qu'elle touche par terre et le type il court en tenant l'aile et à chaque fois moi j'attendais que le type il ne lâche pas l'aile et qu'il décolle avec, comme Belmondo dans les vieux films, mais personne n'a voulu le faire et c'est dommage... Peut être qu'ils n'aiment pas Belmondo ?
Après quand le planeur est assez haut il lâche le câble et il vole tout seul et c'est super, y'a pas de bruit, enfin sauf le "ti-ouit ti-ouit ti-ouit" du bidule qui dit si on monte ou on descend, et c'est quand même un peu agaçant, ce bruit.
Et j'ai oublié de dire qu'à chaque fois, planeur ou hélico, on vous met un casque avec un micro et ça aussi c'est bien, on entend tout à la radio même si on comprend pas bien dans l'hélico à cause du bruit et tout le temps à cause des parasites.
Et ceux qui ne voulaient pas faire les baptêmes, ils étaient restés sur la terrasse et là il y avait Marc Lauer, lui il sait plein de trucs et il aime bien les raconter et c'est très intéressant et aussi il avait apporté des cartes et des bouquins sur l'aviation et il a tout donné et il y en avait plein. Il est gentil, Marc.
Après, quand ça a été fini le coup des baptêmes, il y avait le discours de Fabrice qui est le Président de CyberAvia et qui fait des beaux discours, mais comme il était trop tard on a dit qu'il le ferait plus tard, son discours.
Alors tout le monde est monté dans un car, bien aussi, et on a commencé les visites. D'abord c'était une cave où on fait le Beaujolais, il parait. Mais moi j'ai trouvé ça bizarre parce que là on n'a rien vu qui pouvait servir à faire du vin : il y avait une grande maison, puis une dame et un monsieur très gentils, et on est tous allé dans une petite pièce où il n'y avait pas assez de place, y'en a qui étaient debout, tout le monde était serré comme des sardines, il n'y avait que sur la table où il y avait de la place et heureusement parce que là ils ont mis plein de bouteilles et à manger et ça m'a rappelé la communion de ma cousine où ils avaient réservé pour cinquante et le restaurant il avait compris trente et mon Tonton il a crié et ça s'est fini à la gendarmerie mais moi j'avais bien rigolé.
La cave du Beaujolais, c'est là qu'on aurait eu le discours du Président. Mais il n'a pas pu le faire non plus, parce qu'il était encore trop tard. Il n'avait pas de chance, Fabrice.
Il valait mieux qu'il ne le fasse pas, d'ailleurs, son discours, parce qu'il y avait un bruit pas possible là-dedans au bout de cinq minutes et on n'aurait entendu personne sauf Arnaud peut-être parce qu'il a une sacrée voix, il nous a surpris, lui, mais il n'avait pas de discours à faire, juste un concours de remplissage de verre avec Bruno (j'ai pas bien compris la règle).
Et le monsieur gentil, quand il a vu tout ça, il est parti très vite et il n'y a que la dame qui a tenu le coup, et qui apportait sans arrêt des bouteilles, on se demande d'où elle le sortait, ce vin, et surtout comment ils ont pu en boire autant.
Alors au bout d'un moment qu'on était encore plus en retard, on est partis au restaurant. Le restaurant il était très grand, pas mal, presque au bord de l'eau, et on est allé dans la salle qui était pour nous et là on a vu qu'il y avait assez de place, pas comme pour la communion de ma cousine, mais qu'il y avait d'autres personnes avec nous et c'est curieux mais elles n'avaient pas l'air très contentes de nous voir arriver, ça doit être parce qu'elles ne connaissaient pas CyberAvia, ou peut-être parce qu'il était tard, ou bien parce il n'y avait pas qu'Arnaud qui parlait fort ?
Et alors là le Président l'a fait, son discours, quand même, enfin. Très bien, même si on n'entendait pas toujours tout parce qu'il y en avait qui applaudissaient et qui criaient "Ouais !", surtout s'il n'y avait pas de raison, et en plus ils rigolaient et ça, ça faisait rire tout le monde en même temps et des fois il a eu du mal, le Président.
Puis le GOVO a donné des récompenses pour des tas de trucs, Anja a remercié, puis on a mangé, puis on a parlé, Arnaud a dit un compliment, on a parlé, on a mangé, et il y avait un sacré raffut, même si personne n'a chanté.
A l'hôtel on a couché par deux dans les chambres, et comme l'an dernier y'en avait certains qui avaient imité des quadrimoteurs au point fixe (et faut le faire, en dormant !), eux ils étaient dans les mêmes chambres, ensemble, et du coup personne n'a râlé en se levant le matin, mais c'était un peu tôt quand même.
Les filles, elles, elles avaient des chambres seules, mais on ne sait pas si c'était à cause de leurs imitations. Arnaud et le barde ont couché dans la même chambre, mais comme Arnaud a écrit sur la liste "Dire que j'ai couché avec ce gars là !" en parlant du barde, y'en a qui n'ont pas compris et maintenant ils se posent des questions, mais remarque, moi aussi, je m'en pose, des questions.
Le lendemain on s'est levé, et on a pris le petit déjeuner.
En silence.
Oui, moi aussi, ça m'a un peu étonné.
Après on est retourné à l'aéroport, et il y avait, pour ceux qui voulaient, la ballade en petit avion. Il faisait très beau et on est partis vers un coin qui s'appelle "La Dombes" (oui, avec un s à la fin), et c'était sympa, joli, y'a plein de lacs et d'étangs, et il faisait très beau. On avait encore des casques radio, super, mais j'ai remarqué qu'en fait le petit avion, c'est ce qui secoue le plus, et y'en a qui ont regretté d'avoir pris du café au lait (ça se digère mal, le café au lait, il parait).
Mais à la fin du vol c'était géant parce que le pilote de l'avion où j'étais il nous a montré comment on fait quand on a une panne de moteur pour atterrir quand même sans trop se blesser, même qu'il disait tout le temps "là, on n'a pas droit à l'erreur" ou bien "là, si on décroche, c'est fichu", ou "il vaut mieux percuter en roulant que s'écraser", c'était pour nous rassurer, sympa, non ? Donc c'était super génial et j'ai bien aimé, mais je n'ai pas pensé à demander aux autres s'ils aimaient eux aussi, et pourquoi ils ne disaient rien ?
Pendant ce temps, sur la terrasse, il y avait Marc qui racontait plein de trucs sur les avions de chasse, et le contrôle aérien, et les pilotes, et les entraînements, et tout ça, il ne s'est arrêté qu'au moment du repas. Je me demande s'il n'est pas un peu bavard, Marc ?
Parce que le midi, il y avait encore un repas, à l'aéroport comme le samedi midi, et toujours bien, mais quand même, il y avait un peu moins de bruit que pour les autres repas, c'est souvent comme ça avant les départs.
Mais y'a eu encore un truc très chouette, c'est quand le gros avion est parti. Déjà, il n'est pas parti comme les autres dans le sens de la côte (je vous l'ai bien dit, que la piste est en pente ?), il est parti dans la descente. Il s'est mis bien en bout, tout en haut, et il a lancé ses moteurs à fond, et il a démarré. Mais quand on est sur la terrasse du restau à Villefranche, on ne voit pas le bas de la piste, qui s'enfonce dans un creux, on voit juste des rideaux d'arbres dans le fond, et on ne sait pas s'ils sont près ou loin du bout, les arbres, alors quand le gros avion a plongé dans le creux et a disparu, comme les pilotes ils avaient dit qu'ils étaient un peu chargés pour une piste aussi courte (c'est lourd, les parisiens ?), c'était comme quand dans les films le héros se lance pour sauter le précipice mais on ne sait pas s'il va y arriver et en plus le méchant il le vise avec son fusil et il va tirer...
Alors quand il est sorti du creux de la vallée, le gros avion des parisiens, ben y'en a même qui ont applaudi. Et puis après, super sympa les pilotes, ils ont fait passer leur avion juste au dessus du terrain avec tous les phares allumés : génial !
Et on est tous partis, un peu tristes, enfin, tous sauf Pascal Artifoni, qui avait eu le malheur de dire que l'an prochain, ça serait chouette de le faire chez lui, en Suisse, le CyberAvia 2001, et du coup il a été nommé organisateur et alors lui, non seulement il était triste, mais en plus il était inquiet !!!
On se demande pourquoi ? c'était sympa, CyberAvia 2000, non ?
Grosses bises,
Nathan